Le dernier épisode du Journal d'une Infirmière

Le dernier épisode du Journal d'une Infirmière

Le Journal d'une Infirmière est l'un des premiers podcasts santé à avoir donné la parole à une infirmière en première ligne de la crise sanitaire. Le podcast produit par MedShake Studio donne à écouter ce qu'il se passe dans les coulisses de la réanimation de la Pitié Salpêtrière. Il relaye le quotidien de Flavie, infirmière de 28 ans.

Le tout dernier épisode de ce podcast est sorti cette semaine. Voici la retranscription des échanges entre Flavie l'infirmière auteur du podcast et Marguerite co-fondatrice de MedShake Studio mais aussi la voix que l'on entend et qui lit l'histoire de Flavie.

Marguerite : Bonjour Flavie, c'est un énorme plaisir d'être savoir. Tu es la plume derrière le journal d'une infirmière. Alors ma première question, c'est comment ça va ?

Flavie : Ecoute, ça va. Un peu fatiguée de cette année, mais tout va bien.

Marguerite : Je voudrais revenir un peu sur le podcast Le Journal d'une infirmière et te demander, parce que je sais que c'était la première fois que tu écrivais un podcast, comment tu as fait ? Comment tu travailles tes textes ?

Flavie : Le journal d'une infirmière, en fait, c'est un podcast qui relate les premiers mois de COVID dans la réanimation dans laquelle je travaillais. Et quand la crise a commencé, j'ai commencé à écrire une espèce de journal intime chez moi, pour me souvenir exactement de tout ce qui se passait.

Marguerite : Et d'un point de vue plus personnel. Qu'est ce que ça t'as apporté ?

Flavie : Ce podcast était très important pour moi. La première chose que ça m'a apporté, c'est que ça m'a fait du bien d'écrire, de partager ce qu'on vivait. J'avais l'impression de me décharger de tout le poids, de tout ce qui se passait à ce moment là. De plus, je connaissais pas du tout l'univers de podcasts, donc ça m'a fait découvrir cet univers ! C'était très intéressant de voir que les gens aussi s'intéressaient à ce que j'écrivais, de s'intéresser à notre histoire.

Le podcast m'a aidé à surmonter la crise.

Marguerite : Le Journal d'une Infirmière a été relayé par, entre autres, par les média : 20 minutes, Cheek Magazine, (groupe des Inrocks), par Arte Radio, par Slate... L'équipe de MedShake Studio dont je fais partie, a reçu beaucoup de messages de soutien et de remerciements. Je sais que toi aussi, tu en as reçu. Qu'est ce que ça a fait, ces encouragements et ces relais presse? Est-ce que tu t'attendais à ça?

Flavie : Alors non, je ne pensais pas que ça prendrait autant d'ampleur. A l'origine, je suis juste une infirmière qui travaille dans une réanimation. Je ne suis pas du tout médiatisée. Donc, le fait que ça prenne autant d'ampleur, ça a été une grande surprise pour moi. Et puis, c'est vrai que les messages de soutien font du bien. On se rend compte qu'on est pas tout seul et que les gens nous soutiennent et sont en tout cas intéressés par ce qui se passe.

Marguerite : Effectivement, je pense que le public a été extrêmement intéressé par ce que tu racontais, par ton quotidien, par ta façon de décrire les journées. Et la question que je me suis posée, c'est est-ce que tu dis tout ? Est ce que tu dis tout sur les patients, sur les conditions de travail, sur comment tu te sentais ?

Flavie : Alors non, je ne dis pas tout dans le podcast. La première raison, c'est le secret médical. Je ne peux pas donner trop de détails. Ensuite, il y a eu des choses qui se sont passées au tout début de la crise du COVID. Au début, on ne savait pas bien soigner les patients, donc il y a eu des choses extrêmement graves, qui sont extrêmement choquantes.

Et je ne pense pas que tout le monde ait envie d'entendre ce qu'il s'est passé. Je pense qu'il y a des histoires trop choquantes pour les raconter au grand public, mais à côté de ça, j'étais assez transparente. Je n'ai jamais menti. Et par rapport aux conditions de travail, c'est pareil. J'ai toujours dit la vérité. On a toujours de très bonnes conditions de travail. Notre encadrement a toujours tout fait pour entrer dans de très bonnes conditions.

Marguerite : Si je comprends, tu as décidé de laisser certaines choses de côté, par professionnalisme, mais ça n'enlève rien à ton histoire.

Moi, je suis assez triste, en fait. Car aujourd'hui, si on est là toutes les deux, c'est parce qu'on a décidé qu'il fallait arrêter le podcast. C'est d'un commun accord mais c'est aussi et surtout car tu as fait le choix de quitter Paris. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

Flavie : Alors oui, j'ai décidé d'arrêter le podcast parce que j'ai l'impression de ne plus avoir grand chose à raconter. En tout cas, c'était tellement une année intense... Il s'est passé tellement de choses que j'ai pu raconter du coup à travers le Journal d'une Infirmière. Maintenant, tout paraît... Je ne dirais pas fade, mais il ne se passe plus autant de choses. Il n'y a plus autant d'émotions que ce qu'on a pu voir l'année dernière. Je n'ai plus grand chose à dire en ce qui concerne mon travail.

Et effectivement, en plus, j'ai décidé de partir de Paris, d'arrêter le travail en réanimation à Paris. Je pense que comme beaucoup d'infirmiers, beaucoup de soignants, le COVID aura eu raison de moi. On a besoin de très grandes vacances. En tout cas, de s'échapper un peu de la capitale et de cette ambiance-là.

Marguerite : Et bien c'est tout ce qu'on vous souhaite. Du coup, voici le moment fatidique, la dernière question, de ce dernier épisode de podcast : est-ce que tu as un message pour les auditeurs ?

Flavie : Oui, déjà, je vous remercie d'avoir écouté mon podcast. Je vous remercie pour tous les messages que j'ai reçus. Ça m'a vraiment fait chaud au coeur et je pense que ça m'a permis de tenir toute l'année. Et surtout, mon dernier message, ce serait de prendre soin des soignants en France. En tout cas, ceux qui restent premiers sont des médecins, prenaient soin des infirmiers et prenaient soin des aides soignants de tout le personnel médical. Et je pense qu'ils en ont besoin.

Marguerite : C'est ce qu'on va faire. Eh bien, je te souhaite un très bon voyage et de très belles choses pour la suite. Merci pour tes mots, pour ton travail et ton honnêteté. Tes textes vont me manquer !

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