Delphine Remy, est autrice, podcasteuse, coach certifiée en nutrition holistique et psychologie du comportement alimentaire mais elle ne s'arrête pas là. Dans son livre et son podcast, elle raconte son cancer « On peut être mutilée, mais on trouve de la beauté dans notre petit torse d’amazone et on voit dans nos cicatrices et notre boule à zéro, le courage et la résilience dont nous sommes fières. » Nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec cette guerrière.
Tout d'abord, merci d'avoir accepté cette interview !
Tout le plaisir est pour moi, c’est complètement génial d’avoir rassemblé tous les podcasts santé sur une superbe plateforme. Je suis fan !
Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Je m’appelle Delphine Remy. J’ai 47 ans, j’habite en Belgique après avoir vécu un paquet d’années au Texas. J’ai fait mes premiers pas professionnels dans le monde financier, mais ça ne m’a pas du tout botté. J’ai ensuite été interprète médicale pour des réfugiés africains séropositifs, prof de français, chef privé et traiteur pendant plus de dix ans, j’ai lancé « Les Tartes de Marie » à Houston.
Je suis nutrithérapeute spécialisée dans les comportements alimentaires et j’ai créé une école virtuelle pour aider les personnes souffrant d’une relation compliquée à la nourriture, ayant moi-même connu l’enfer des troubles alimentaires.
Oui, j’avais 2 000 vies. C’était enivrant mais épuisant ! Et puis pourquoi en fait ? C’était trop, mais je l’ai compris un peu trop tard…
Le cancer est venu s’inviter dans ma vie en juin 2019. Il était petit mais très agressif et j’ai donc eu la « totale ». Tumorectomie, mastectomie, chimiothérapie, radiothérapie et hormonothérapie pendant 10 ans. Tout cela rime parfaitement. Je suis en plein dans le long processus de reconstruction mammaire en « 5 stops ». Un vrai parcours du combattant… C’est d’ailleurs la première fois que j’utilise le mot “combat”, je n’avais pas l’impression d’être sur un ring de boxe pendant ma maladie.
De ces 2 000 vies, je suis passée à une vie, une seule, ici et maintenant, et totalement investie dans la lutte contre le cancer et son combat pour les femmes via divers canaux :
✨ Mon livre nommé Cancer ? Je gère ! publié aux Éditions Mardaga.
✨ Ma plateforme du même nom
✨ Mon groupe de soutien qui accueille toutes les femmes touchées par le cancer, quel qu’il soit.
✨ Mon podcast nommé Naître princesse, devenir guerrière
Cancer ? Je gère ! Je suis loin d'avoir tout géré... Gérer pour moi signifie s'écrouler, puis se relever, s'écrouler encore et puis se relever encore et tenter de transformer l’obstacle en tremplin.
Via tous ces canaux, j’offre aux femmes un espace où tous les sujets liés au cancer, quel qu’il soit, sont abordés sans tabou ni jugement mais avec bienveillance, complicité et respect.
L’épreuve du cancer m’a donné une envie incompressible d’informer, de partager, de (re)donner espoir et d’aider.
Qui était là en premier, le livre ou le podcast ?
Au tout début de ma maladie, j’avais vraiment envie d’être dans une petite bulle et écrire. J’ai tout simplement commencé à écrire dans un document Word, c’était mon journal de bord, puis peu de temps après, j’ai eu envie de partager ce que je vivais avec le monde extérieur et donc le blog est né.
Il a très vite été un lieu de rencontres virtuelles incroyables. Les posts étaient très partagés et on est devenu une grande communauté, c’était magique.
Peu de temps après, j’ai été contactée par les Éditions Mardaga pour écrire un livre, ils m’ont conseillé de bien continuer à écrire pendant toute ma maladie et au moment où les émotions étaient à vif. Ça a été hyper thérapeutique et une expérience extraordinaire.
Donc pour répondre à ta question, d’abord le livre, le podcast est arrivé 6 mois après la sortie du livre. Une histoire un peu amusante, j’ai écouté le podcast Bliss-stories de Clémentine Galey et il n’a pas fallu une seconde pour que je me dise que je voulais faire la même chose pour le cancer et j’ai démarré illico après avoir suivi une petite formation.
Je me suis jetée à l’eau en me disant que ma voix serait peut-être horrible, que je serais nulle, que… que… et j’ai adoré l’expérience. Y a pas de plus beau métier au monde. Aller à la rencontre des gens et avoir une conversation cœur à cœur pour toucher les cœurs. Franchement y a rien de plus magique pour quelqu’un qui aime tant l’humain.
Comment passe-t-on de l'un à l'autre ?
Ok j’avoue, je suis un peu hyperactive sur les bords et j’ai sans cesse besoin de projets humains. Et puis, je trouvais qu’il était temps de donner la voix à d’autres femmes.
J’avais raconté mon histoire pendant deux ans, c’était au tour des autres ! J’ai invité des femmes qui avaient tout type de cancer à venir partager leur histoire sans prendre de pincettes. Les hauts, les bas, les joies, les peines, les moments de révolte et de colère et puis d’émerveillement, tout. Je voulais lever les tabous sinon franchement à quoi ça sert de créer un podcast !
Quel medium préfères-tu et pourquoi ?
Et bien honnêtement, j’arrive pas à répondre parce que j’adore les deux, l’écriture et le podcast sont complémentaires. L’écriture me permet de me recentrer, le podcast me permet d’aller vers l’extérieur.
En plus de tout cela, tu as créé un groupe de soutien pour les personnes atteintes de cancer, est-ce que tu peux nous en dire plus ?
Quand le livre est sorti, il y a eu une grosse couverture médiatique et j’ai reçu un paquet de messages sur tous les réseaux. C’était tellement touchant mais j’ai été très vite dépassée parce que c’était des messages auxquels il était impossible de ne pas répondre.
Du coup, j’ai créé un groupe de soutien pour rassembler tout le monde et aujourd’hui (janvier 2022), nous sommes plus de 2000 princesses/guerrières qui nous nous soutenons tous les jours. C’est tout juste incroyable cette sororité ! Pas sûre qu’il existe un truc pareil chez les mecs !
Comment trouves-tu tes sujets d'épisodes et tes invité(e)s ?
J’essaie de couvrir tous les cancers et plein de thématiques différentes, j’essaie de vraiment varier. Je ne me focalise pas sur l’annonce de la maladie et les traitements mais sur tout l’aspect humain de tout ce long parcours. Je creuse au plus profond du cœur de l’invité et c’est un partage très intime, un podcast conversationnel où les auditeurs ont l’impression d’être installés dans un salon super cosy avec nous. A la limite presque comme si on était tous les trois, l’invité, l’auditeur et moi sous un gros plaid au coin d’un feu. J’adore
C'est toujours dur de choisir, mais quel épisode de ton podcast recommanderais-tu à celles ou ceux qui ne le connaissent pas, pour commencer ?
WOW, ça c’est vraiment une colle ! Ils sont tous fantastiques parce que les invités sont tous fantastiques.
Allez, pour celles qui sont sous hormono, je conseille l’épisode 4 et puis l’épisode 17 avec AnhThi était magique, mais y en a eu plein d’autres… Un des épisodes sur la sexualité avec Marion Aupomerol, gynécologue à Gustave Roussy, l’épisode 26 .